Tout semblait perdu d'avance. C'était sur le point de se finir, ou peut-être l'était-ce déjà. Et pourtant. Il a suffi de peu - une comptine printanière - pour la magie fasse une apparition. L'apparition inespérée dont chacun rêvait secrètement. Plus le temps filait et plus tout ça paraissait loin. Chaque pas nous en éloignait un peu plus mais ce jour-là, pour quelques instants, quelques minutes, nous avons réussi à l'attraper, à la saisir, cette insouciance, cette innocence perdue. Ca a commencé par la danse qui accompagnait la comptine. Une histoire de légumes en fête. Des rires qui résonnent dans toutes les bouches, et même des larmes qui montent. Des larmes de joie bien entendu. Et puis lassés de chanter, on part alors à la redécouverte d'un jeu enfantin. Un jeu périlleux et plus difficile qu'il n'y parait. Une histoire de chiffres et de soleil. On continue alors de rire. On perd mais peu importe. On tente d'avancer discrètement mais on ne l'est jamais en fait. Et quand nos ventres nous font mal d'avoir trop ri, on aperçoit alors un ballon. Pour la suite, il n'a suffit que de peu de choses encore une fois. Une complicité inattendue et totalement improvisée. Un gamin du port qui se joint à nous. On fait la ronde, comme si le reste du monde avait disparu momentanément. On lance la balle, la rattrape, la renvoie. Et toujours ces rires qui résonnent de plus en plus fort. Mais l'heure tourne. Il faut ranger le ballon et disperser la ronde. Plus qu'à garder ces instants en tête, gravés pour le plus longtemps qu'on peut, et faire durer la nostalgie, la nostalgie croissante de l'enfance perdue.
Le soleil se couchait. Le ferry arrivait. C'était ce port, sur l'ile de Santorin.
Le soleil se couchait. Le ferry arrivait. C'était ce port, sur l'ile de Santorin.
<3 .