Elle peut toujours se persuader qu'elle se plait dans cette situation. Qu'elle est sereine, pas heureuse, non. Mais qu'elle se sent bien. Libre. Légère. Pas indépendante non plus, puisqu'elle garde les poings liés. Mais qu'elle n'a jamais eu le moral aussi bon. Fort. Pas haut, non. Mais stable. Plus de sautes d'humeurs, de coeur qui se met à palpiter un peu trop vite en trop peu de temps. Plus de boule au ventre. Plus d'espoirs vains, et de déceptions. Ni de chutes brutales accessoirement. L'esprit sain simplement.
Elle peut toujours être intimement convaincue qu'elle n'en a pas besoin. Que c'est bien pour les autres. Très bien même, mais qu'elle n'en veut pas. Qu'elle ne serait de toute façon, pas à la hauteur et que ça compliquerait trop sa vie bien rangée. Qu'elle n'aime pas l'inconnu, et le vide qu'est l'avenir. Qu'elle est mieux dans un présent, sans aucun changement ni évolution. Qu'elle préfère stagner dans cet état de bien être, plutôt que de chercher, et là quitte ou double: une bonne surprise, ou une nouvelle déception.
Elle peut toujours ne croire en rien et prendre sur elle. Ses rêves, Son rêve demeure. Malgré elle. Il la trahit et prend un malin plaisir à ressurgir au moment le plus imprévu. Là, elle était sereine, et il est revenu. Encore plus fort qu'à l'habitude.
Il paraissait réel. Réalisable bien qu'invraisemblable. Il la narguait dans son sommeil, presque sadiquement. C'était parfait. Tout ce qu'elle cherchait était là. L'inconnu, qui lui plait comme aucun autre. La réciprocité, tellement invraisemblable. Le coup de foudre. Le sourire. La complicité. Le bonheur. L'impossible, devenu possible une fraction de seconde. C'est dans ces moments-là, qu'on voudrait ne jamais se réveiller, et faire durer le plaisir le plus longtemps possible. Voir jusqu'où ça ira. Comment ça ira. Mais c'est aussi dans ces moments-là qu'on est réveillé d'une façon ou d'une autre, contre notre gré.